Une débutante à Châteauvert

Jeudi 4 avril 2024

À 16 heures, je boucle mon sac après vérification mentale : Dégaines ? Baudrier ? Brosse à dents ?
Tout est bon. Je boucle mon sac et je me demande un peu ce que je vais faire dans cette galère. Passer
quatre jours en extérieur alors que je suis débutante, habituée des salles et non des rochers, c’est
compliqué. Pourtant, la semaine dernière, j’ai rencontré autour d’une bière, ceux qui vont être mes
camarades, mes alliés pendant ce long week-end dans le Vallon Sourn : Alex, Nina, Lou, Cécile,
Julien, Stéphane, Florian et … Alizée (moi). À ce moment, je ne les connais pas encore ou à peine, mais ils m’ont tous
rassurée. « Aucune pression » (ils grimpent du 6b au 7b et moi du 5b mais… « aucune pression »).
D’accord, aucune pression, je boucle mon sac, je ferme la porte. Après quelques frayeurs dans un
métro qui n’avance pas et qui me fait courir un sprint sur le quai de la gare de Lyon, je rejoins mes
camarades dans le train. Nina – force de persuasion absolue – a réussi à déloger une passagère et je
me joins à elle, Julien et Stéphane. Nous discutons, nous apprenons déjà à nous connaître et nous
jouons à notre première partie de Love Letter. Le train arrive en milieu de soirée à Aix en Provence.
Après une pause Mac Do pour Julien – qui n’a pas pris de sandwich pour le train et qui commence
sérieusement à gargouiller de l’estomac – après un passage devant le restaurant « Caroll’s », tout
néons allumés, digne des meilleurs films américains, nous arrivons au gîte vers 22 heures.
Fatiguée, mais heureuse, je m’endors en pensant à la journée qui m’attend le lendemain.

Vendredi 5 avril 2024

Pendant que la team course part à la recherche de nos nombreuses victuailles, je regarde le topo du
site avec Alex. C’est rassurant, il y en a vraiment pour tous les niveaux (plus tard dans le séjour, Nina
rencontrera une grimpeuse belge pas très agréable, et qui a peur qu’on lui pique ses voies. Elle lui
demandera quel est le niveau de notre groupe, ce à quoi Nina répondra « Du 5a au 7a ». Et bim, la
belge acariâtre, débrouille-toi avec ça).

La team courses revient avec nos provisions : des saucissons de por(que) et de bœuf, des pots de 500
grammes de fromage blanc pour Alex et des bananes bien vertes et bien cartonneuses, entre autres.
Après un petit déjeuner au soleil en terrasse – où Alex aura effectivement mangé, à même le pot, ses
500 grammes de fromage blanc matinal – Florian pose les bananes vertes sur une table au soleil pour
qu’elles murissent, puis déglingue le pare-choc de la voiture sur un petit muret, et nous partons pour
notre première journée dans le Vallon Sourn.

Les deux voitures nous arrêtent au dépose-minute et oh ! Surprise. La première voie est à deux mètres
de nous. On pourrait presque assurer depuis la voiture.

Comme ce premier secteur est tout de même un peu costaud (Secteur n°1 : Neuromédiation, majorité
de 6b+ et de 6c), nous longeons la grande face pour arriver à des secteurs plus propices à
l’échauffement pour les uns et à la découverte du rocher, pour moi.

Je découvre donc ce qu’est une petite marche d’approche. Ça monte, ça descend. Il faut se tenir à des
chaines, des cordes installés. Les cordes glissent des épaules, les sacs gênent au passage. Florian
trouve ça un peu aseptisé, moi, j’ai déjà l’impression de faire de l’escalade. Quinze minutes plus tard,
nous arrivons aux secteurs n°10 « Eole » et n°11 « Looping » et nous remarquons que la route, et
donc le chemin le plus facile, est à… 5 mètres du secteur. On ne nous y reprendra pas.

Nina et Cécile commencent leur journée sur « Eole » (5b+), avec une jolie partie en arête. Stéphane
commence en tête « Looping » : cotée 4c+ et décrite dans le topo comme un « joli itinéraire, agréable
et homogène », cette voie est un véritable traquenard, peu évidente et peu propice à l’échauffement
du mental. Il redescend, mais prend sa revanche en grimpant en tête, après Julien, « Le marchand de
sable » (5c) puis « Fidèle Gastro » (6a+).

Nina s’est battue dans La Galéjade (6b+) et a pris un beau vol ; Cécile a été presque jusqu’au bout.
Alex m’accompagne avec beaucoup de bienveillance dans mes petites voies, tout au long de la
journée. C’est grâce à lui que j’ai osé venir et je suis heureuse de partager cette journée douce et
complice avec lui. Il me fait rire, me dit qu’il grimpe un peu trop avec les bras. Il m’impressionne
dans une voie bien athlétique « Les Enfants du Roc » qu’il enchaine avec beaucoup d’aisance.
Fin de journée. Une première voiture est partie. Florian et Lou nous retrouvent, Alex et moi, et nous
racontent leur après-midi. Strawberry Nose (7a+ enchainé ?) pour Florian et un bel essai dans
Turbulences (7a+). Lou a également bien avancé, en moulinette, dans Strawberry Nose !
Avant de quitter le site, j’ai tout de même droit à mon comité d’encouragement pour ma première 5a
en tête (« Le Râteau de la méduse ») : Florian et Alexandre en bas et Lou qui m’encourage et me fait
de petites tapes douces sur les épaules en descendant de la voie d’à-côté, qu’elle grimpe avec une
aisance déroutante (« Le Marchand de Sable » – 5c).

La journée était belle. On rejoint les premiers arrivés pour l’apéro. On boit des bières, on mange du
saucisson ; Lou et Florian font du yoga. On admire. Le barbecue est lancé à la nuit tombée et ma
frontale, achetée pour la sortie, sert à regarder cuire le mélange de saucisse de ménage, merguez et
de figateli à la plancha.
Allez, au lit.

Samedi 6 avril

Je me suis fait peur. Bien trop peur sur une 4c+. Il faut dire que cinq points pour 20 mètres, ça ne fait
pas beaucoup pour une débutante à Chateauvert. Lou, pourtant, me rassure, m’accompagne, mais rien
n’y fait. Je suis terrorisée et je redescends péniblement en n’ayant pas même clipé le deuxième point.

Avec Lou, nous faisons donc une longue pause pour aller admirer les tentatives de Florian dans une
grotte, à l’abri du soleil tapant. Il se lance dans « Power » (7b+), immense plafond qu’il arrive à
dompter jusqu’à la sortie, mais qui lui file un peu la nausée au bout d’un moment. Florian, notre
« homme-caméléon », prendra les couleurs blanchâtres de la paroi pour se fondre dans cette voie
ludique. Ludique, car, oui, elle intéresse aussi un autre binôme passé par là, Julien et Cécile, qui
mettent chacun un bel essai jusqu’à la quatrième dégaine dans cette grotte. Cécile a d’ailleurs oublié
ses chaussons dans le secteur précédent et emprunte les miens pour son essai (Fierté absolue pour
moi : mes chaussons seront allés dans du dans du 7b+. Je les mettrai en trophée au-dessus de ma
cheminée quand j’en aurai une). Elle me dira plus tard que, quand même, les points sont très éloignés
à Chateauvert, et que « c’est tellement hostile dans le secteur qu’il faut aller dans un toit en 7b+ pour
ne pas avoir peur de tomber ».

Lou, un peu fatiguée, se réserve mais fait tout de même de jolies voies en 5C+ (« Tissus de cordes »
très longue et aérienne, « Ragondin » avec un passage en dévers qu’elle passe tranquillement tout en
disant « Je n’aime pas le dévers ; c’est l’inconnu », et « Ema » qu’elle aime moins, trop athlétique
pour une fin de journée), puis elle disparaitra pour aller se baigner dans la rivière, si turquoise et si
froide.

Pendant ce temps, Alex et Nina font leur vie, et se lancent notamment dans « Crève la dalle », voie
qui porte bien joliment son nom. Plutôt sur la partie « crever » d’après la majorité des grimpeurs…
De fait, tandis qu’Alex assure Nina sur la voie, deux cyclistes viennent parler à Alex et demanderont
à ce dernier si « sa copine va bien » (si vous avez déjà entendu les chut chut chut de Nina dans un
moment difficile, vous comprendrez). Stéphane prend plus tard de beaux vols sur cette voie. Il en
conclura qu’au-delà d’un certain niveau, l’escalade, c’est plus un sport qu’il pratique. Même Florian-
machine-caméléon admettra que ce n’est pas une voie facile pour du 6a. C’est dire.

On remballe tranquillement, même si la journée n’est pas finie. Au programme, réapprovisionnement
en bières, apéro, re-apéro et jeux de sociétés pendant que Lou fait du yoga. Le Chili con carne se fait
à presque seize mains et sera délicieux. Repue, je vais me coucher un peu avant les autres pour
affronter la journée du lendemain, au ciel voilé juste comme il faut.

Dimanche 7 avril

En ce dimanche matin, nous faisons un point sur les bananes : quelques-unes ont été mangées par les
plus téméraires, mais franchement, mi vertes mi brulées par le soleil, elles font peine à voir. On leur
laisse encore une chance jusqu’au soir.
Direction les jolies voies.

Les binômes ont été constitués dans la soirée et la matinée. Stéphane a envie de passer une journée
toute douce et se propose pour monter en tête dans des voies accessibles à mon niveau. On commence
dans le secteur « Alex » (cœur cœur sur Alex) aux côtés de Lou et Florian. Ce dernier s’échauffe
paisiblement en baskets sur la voie que nous avons repérée : une 5b « Gros et caille », qui porte
joliment son nom avec sa grosse écaille bien franche et agréable. Je passe une grande partie de la
journée dans la trace paisible de Stéphane, mon super binôme, dont le calme et le sourire me sont si
agréables. L’escalade, c’est aussi ça.

Je le laisserai juste faire une sieste à l’ombre de la dalle « Verglas d’été » (6c+) sur laquelle Julien,
Cécile puis Nina s’acharnent. Cécile, victorieuse, arrive au bout de la voie en tête, après avoir tout de
même attrapé non pas une, mais deux dégaines en soufflant un « je suis vraiment une baltringue ».
Ses deux partenaires sont bien reconnaissants… Nina enchaine d’ailleurs la voie et témoigne de son
endurance de « porque et de bœuf ».

Juste à leurs côtés, je me suis lancée dans une nouvelle aventure. Alex a réussi à me convaincre et je
grimpe – avec l’élégance d’une petite grenouille – en moulinette « Le Fil d’Ariane » (6a). J’arrive à
faire de beaux mouvements, d’autres un peu moins, mais je suis sereine.
Sereine. Sereine et ravie. Derrière moi, je distingue le doux murmure de la rivière, à ma droite, le sec
toc toc d’un pivert et à ma gauche, le très particulier « Chut chut chut » de Nina ponctués de quelques
« Pute » lancés à la pauvre dalle qu’elle escalade.

Heureux et fiers, nous nous dirigeons vers notre petite plage en bord de rivière turquoise pour notre
pause déjeuner. Je dévore mon sandwich au poulet près d’Alex. Lui qui m’avait dit vendredi « je
grimpe avec les bras et pas avec la tête » a affronté sa Némésis ce matin : « Indiana Jones » (6a+),
une belle dalle toute en finesse. Même lui la recommande et elle sera le coup de cœur de plusieurs
autres, notamment de Lou, qui déploie tous ses talents et sa souplesse de yogi pour grimper cette voie.
Nous par contre, nous nous sentons un peu lourds après nos sandwichs et nous finissons tous la
journée un peu plus tranquillement. Sauf Julien. Julien, qui est décidément bien chaud de la graine et
du poivron, donne tout et manque de vomir son sandwich sur « Fortitude ».

Nous retrouvons plus tard Lou et Florian, de retour de la grande face. Pendant que Florian s’amusait
sur « le signe du taureau » (7b+), il a cru nous reconnaître sur la petite plage du premier jour et a fait
coucou du haut de sa voie à des inconnus, qui ont poliment répondu. Un peu plus et il s’invitait à
partager les chips et le saucisson avec eux.

C’est la dernière soirée au gîte. Dernier apéro, dernier repas et surtout, dernier dessert. On essaie
d’ajouter le plus de bananes possibles à notre crumble, mais elles ont décidément choisi de ne pas
murir. Il est l’heure de faire les sacs et c’est avec un peu de nostalgie de que nous remballons nos
affaires pour le lendemain.
Et Lou fait du yoga.

Lundi 8 avril

Cette dernière matinée est belle.
Avant de grimper, petite session crème solaire. Pour ne pas en mettre sur les mains, Nina s’en met
directement dans les yeux. Expérience décevante a priori, qu’elle essaiera d’effacer en se versant du
Perrier à même les pupilles, alors que nous avions acheté du sérum physiologique la veille.
La peau protégée et les yeux rougis (pour une certaine), nous rejoignions le secteur haut et aérien
d’Igloo.

C’est le moment parfait pour grimper la belle et longue voie « Le Colibri » 5b+, vivement
recommandée par Cécile et Julien. Nina se chauffe dedans et nous laisse la moulinette à Stéphane et
à moi. C’est magique, et au sommet de ce voyage, la vue est imprenable, sur la rivière, les piliers
environnants, si petits du haut de ces 44 mètres. Je reste un moment en haut à admirer ce paysage et
à me dire que c’est quand même fou d’être là.

Nous rejoignions ensuite Nina et Julien qui nous ont laissé une moulinette dans « Le Gaga » (5c+),
en nous prévenant qu’il y a un pas de bloc bien costaud au départ et qu’il faut tirer à la dégaine. Et
pas seulement, il m’aura fallu une dégaine, une pédale et un Alex pour franchir ce premier pas et
pouvoir profiter de cette très belle ligne. Stéphane n’aura eu besoin que de la dégaine, mais trouve
quand même ce pas bien trop bourrin. On a bien mérité notre sandwich sur la plage.

Stéphane entame une petite sieste, Florian fera de même et pendant que les autres dégustent leurs
victuailles, je rejoins Alex et Julien pour les encourager sur « KNTZ » (6b). Alex vient de finir la
voie quand j’arrive et regarde Julien prendre sa revanche en tête sur cette voie qu’il avait déjà
enchainée en moulinette la veille. Elle reste l’une de ses préférées pour « le cadeau ». Eux aussi ont
bien mérité leur pause déjeuner.

La journée touche bientôt à sa fin. On passe nos derniers moments dans le secteur Kricket, où Lou –
encore émerveillée après avoir vu un ragondin à midi –, Nina et Cécile disent au revoir à la falaise
sur « Koksinel » (6a), pendant que Florian enchaine une nouvelle voie – qui ne figure pas sur le topo
– « 49.3 » en 7b (?). Le dernier au revoir sera pour Alex, qui va tâter « L’essaim de Nat » (6b) avant
notre départ.

En route. Nous rejoignions la voiture et, à la radio, « Ne me quitte pas » de Brel nous accompagne en
fond alors que nous passons devant les falaises qui nous ont accueillis ces quatre derniers jours.
Après quelques répartitions des courses, nous partons, bagages et bananes en main, pour squatter le
wagon bar et partager un dernier apéro ensemble. Les victuailles sont nombreuses et les conversations
joyeuses, même si on y décèle un peu de fatigue. Certains vont faire une petite sieste ; je reste au
wagon bar pour une partie de « Love Letter » où Alex annonce qu’il sera toujours la Princesse (tu
restes ma Princesse, Alex, c’est promis).

Le train arrive. Retour à Paris. Nous nous disons au revoir sur le quai. On se revoit vite.
Mais je garde. Je garde tous ces souvenirs. Un peu de peur, d’appréhension, et surtout beaucoup de
plaisir, de découverte du rocher, des discussions en bas des voies, des rires, des fous rires surtout, des
encouragements partagés par toute cette belle équipe, qui a soutenu les premiers petits bas d’une
débutante à Chateauvert.

Épilogue : Les bananes seront finalement mûres la semaine suivante, pour une dégustation au feu de
bois lors d’une soirée au camping, avant un cycle d’initiation à la couenne à Hauteroche. Mais ça,
c’est une autre histoire…


Rappel de la sortie

Nous vous proposons une sortie falaise à Châteauvert (falaise de Correns)

Quelle escalade ? falaise de Correns (Châteauvert). Située dans le département du Var, à 1h d’Aix en Provence.

Pour qui ? 8 participant-es. Débutant-es bienvenu-es. Des sessions d’apprentissage/révision des manips pourront être proposées avant le départ.

Transport ? en train. N’hésitez pas à poser une option dès à présent.

Aller : Paris Gare de Lyon – Aix en Provence TGV le 04/04, départ à 17h37 arrivée à 20h41.

Retour : Aix en Provence TGV – Paris Gare de Lyon le 08/04, départ à 19h18 arrivée à 22h22.

Hébergement ? dans un logement tout confort voir ici 1 ; à 15mn du site. 3 lits doubles et 2 lits simples.

Budget prévisionnel ? environ 300 euros + billets de trains (moins la subvention du club pour ceux/celles qui la demandent).

Les inscriptions c’est par ici Inscriptions 1
On vous demandera des arrhes pour confirmer votre inscription.
Par ailleurs, chacun sera sollicité pour aider à l’organisation de la sortie.

Pour toute question n’hésitez pas à contacter par MP : voir sur le forum