Le compte rendu des débutants
Nous sommes cinq débutant·es inscrit·es à l’édition 2022 du stage d’initiation au terrain d’aventure : Jean-Phi, Khalid, Nelly et Florine de Cimes 19, et Linh de Faites le mur.
Jour 1 : Rendez-vous sur le parking des Gorges d’Héric. Les moniteurs habituellement sollicités ne sont pas disponibles le 1er jour, ils se font remplacer par un plus jeune, Théo. Ce dernier nous propose d’abord d’apprendre à poser des coinceurs (friends et câblés) sur site école. D’abord les pieds au sol, puis en grimpant de très courtes couennes. Il nous donne la consigne de nous suspendre sur les coinceurs ou de nous en servir pour grimper “en artif” (en tirant dessus, en mettant une pédale…), puis nous propose une manière de construire un relais triangulé. Par rapport à un relais de grandes voies sportives, je retiens notamment qu’il est conseillé d’ajouter une longe molle, qui aura bien moins de risque d’être rompue par une chute de pierre que la longue sur laquelle on est en tension (la longue molle peut être la longue qu’on a au baudrier ou un brin de corde et un cab, peu importe).
Après cette initiation, nous nous dirigeons vers notre première grande voie en “semi terrain d’aventure” – c’est équipé, mais il est recommandé d’ajouter des protections amovibles : l’Arête de la Tête de Braque. Nous y allons en deux cordées : Khaled et Nelly devant, Linh, Jean-Philippe et Florine derrière. Ce sommet est reconnaissable de loin, c’est assez spectaculaire.
Jour 2 : Nous rencontrons un nouveau moniteur qui est coauteur du topo et qui grimpe dans ce massif depuis l’enfance : Pierre.
Nous commençons par une école de relais : révision et approfondissement sur toutes (?) les manières possibles de construire un relais en terrain d’av.
Chacun de nous cinq se lance, et, dix minutes plus tard, nous avons six relais à observer et critiquer : sur arbuste (le plus facile – après tout, un arbre c’est autant de points reliés que de racines !), sur becquet avec cablé ou friend par-dessous pour l’empêcher de sauter, et toutes les combinaisons possibles de friends et coinceurs reliés. Il nous apprend aussi le “relais point fixe” – les points sont reliés par dynaloop, souplement, et le primaire est quasi sur le point du bas. Et on apprend aussi un truc utile même en voie sportive mais scabreuse : pour tester la solidité d’un bout de rocher entouré d’une faille, le pousser plutôt que le tirer – il fallait y penser mais c’est une drôlement bonne idée !
Après ça, direction La Fissure Fraissinet, voie en trois longueurs puis, au choix, le Dièdre noir ou le Dièdre rouge. Dans tous les cas c’est magnifique, c’est du “5+” bien tassé (6a en cotation moderne). Je retiens que rallonger les points (dégaines rallongeables le plus souvent) permet d’éviter que les protections ne sautent : il ne suffit pas de bien poser un coinceur, il faut encore faire en sorte que la corde ne tire pas dessus inutilement quand on passe au-dessus.
Jour 3 : Météo mitigée, jusqu’au dernier moment nous ne savons pas trop quels projets seront possibles.
Pierre nous dirige finalement vers le Rocher Marre, course d’arête très tortueuse et très jolie, qu’on termine en corde tendue, deux cordées parallèles ! C’est un défi pour moi d’avancer sans gêner la cordée qui est devant, en trouvant mon propre itinéraire.
Redescente par le magnifique Sentier des Gardes, sentier très ancien, quasi pavé, d’un confort rare comparé aux sentiers d’approche habituels. Nous nous arrêtons alors au site école Jean-Louis Raynal (le père de Pierre) pour finir la journée sur des manips : démonstration de réchappe sur un seul brin de corde à double (contre-assuré par l’autre brin), puis, à notre demande, école de mouflage. Pierre nous montre plusieurs techniques, nous révisons la version la plus simple, je découvre le concept de “tête de mouflage” (changer de tête de mouflage, c’est remplacer le reverso par un noeud autobloquant pour faire moins de frottement), et nous découvrons tous la technique du balancier, qui est spectaculaire et nous amuse beaucoup : il prévoir une longe très longue (sur cab), on se jette en arrière aussi loin que la longe le permet, et c’est notre poids qui fait remonter le copain.
Naturellement, les “mouflé·es” s’amusent aussi, et c’est à celui ou celle qui fera le mieux le grimpeur “en difficulté”. C’est Khaled qui gagne.
On salue Pierre pleins de reconnaissance pour tout ce qu’il nous a transmis, en espérant en retenir l’essentiel. Pour notre équipe, c’était beau, on n’a pas rencontré de gros problèmes et personne ne s’est fait peur.
Le compte-rendu des autonomes
Jour 1 : Philippe et Alexandre décident de commencer le séjour par une grande voie facile et semi-équipée afin de se réhabituer tranquillement à la grimpe en trad. Ils choisissent la Directe de l’arrête sud de la tête de Braque (4c/5c/5a/5b/5a/6a) situé non loin du parking des gorges d’Héric.
L’escalade se fit sans utiliser les points afin de poser un maximum de friends et cablés. Globalement une grande voie tranquille, une belle L4 avec beaucoup de fissures, un réta dans la L6 compliqué à protéger et beaucoup de tirage une fois arrivé sur le plateau au sommet.
Au pieds du rappel, ils croisèrent le groupe des débutants et leurs BE qui débutaient la même voie.
Après une pause pique-nique, ils repartent pour une dernière session de grimpe dans le secteur de couenne du Bélophérant pour finir la journée.
De leur coté, Carène et Volker partent dans la tête des Seilhols et “Retour à la pierre”, une grande voie semi-équipée dans les gorges de la Colombière. La voie est très facile, 5b max, l’objectif du jour étant aussi de retrouver ses marques en TA. Mais contrairement à l’autre cordée autonome, une prise cassée dans l’avant-dernière longueur viendra perturber la tranquille montée jusqu’au sommet.
Jour 2 : Carène, Philippe et Alexandre partent grimper la Voie du chandelier dans le Pouce de Farrières (3c/5b/3a/3a/4b/4c) en terrain d’aventure.
Le chemin d’approche est long (1h30) mais relativement bien indiqué et au final trouver le pied de la voie se fit sans trop de difficultés (ce qui n’est pas gagné dans le Caroux !).
Dans l’ensemble, la voie se révéla très moussue et végétalisée (surtout L3 et L4) avec toutefois une superbe L2 (40m de dièdre avec fissure).
Coup de malchance pour Carène dans la dernière longueur. La corde se retrouve coincée avec un nœud dans une dégaine au moment de ravaler la corde. Puis il y eut énormément de difficulté pour tirer, la corde frottant contre les rochers lors de l’assurage depuis le haut.
Finalement, bon gré mal gré, ils arrivèrent tous les trois au sommet et purent redescendre par un rappel aérien dont l’accès se révéla quelque peu précaire (ou “banzaï” dixit Philippe).
Philippe allant installer le rappel au sommet du Pouce (Main de Farrières en arrière-plan)
Jour 3 : Les nombreux risques d’averses prévues toute la journée poussent Carène, Philippe et Alexandre à partir dans une grande voie équipée plutôt qu’une voie en terrain d’aventure au cas où la pluie obligerait à faire une réchappe.
Le choix se porte sur L’Insurrection (5c avec un pas de 6b/5a/5c/3a/5c/5c), une grande voie ouverte fin 2021 et repérée par Carène l’année dernière. Le départ se fait au bord de la route des gorges d’Héric sous le regard des randonneurs.
Le pas de 6b de la L1 s’avère être un réta bien ardu et athlétique à passer.
Alexandre passant gracieusement le crux de la L1…
Décidément, Carène n’a pas de chance avec ces cordes, celles-ci se coinceront dans une fissure lors de l’ascension de L3. Heureusement, Philippe réussira à aller débloquer la situation. S’ensuit une petite traversée L4 très aérienne.
Carène dans la L3… et dont les cordes viennent de se coincer dans une fissure
A noter que les deux dernières longueurs peuvent s’enchaîner mais la cordée a été trompée par un faux relai destiné en fait à retenir un gros rocher menaçant de tomber sur la route en contrebas (deux points dans la paroi sanglés sur une plaquette fixée au rocher).
Lors de la grimpe la cordée a vue sur le groupe de débutants. Quelques gouttes tombèrent de temps à autre pendant la grimpe mais finalement pas d’averse. L’arrivée se fit sur une belle terrasse panoramique.
Arrivée sur une belle terrasse. Carène et Alexandre observent le groupe des débutants.
Après un pique-nique bien mérité, le chemin de retour se fit par un petit crapahutage dans les bois suivi du joli sentier des Gardes (avec le bonjour d’une couleuvre de Montpellier, croisée en chemin).
Dernière session de grimpe dans le secteur du Bélophérant sur le chemin du retour mais Carène a juste le temps de faire une couenne avant que la pluie se mette finalement à tomber, annonçant un retour au gîte précipité.
Jour 4 : la pluie s’étant installée pour la journée sur le Caroux, nous terminons le séjour à Saint-Bauzille-de-Montmel, à l’est de Montpellier, sur des couennes courtes mais avec vue sur la mer au loin.
C’est une jolie falaise avec des couennes entre 15m et 30m mais malheureusement très patinés. De quoi bien terminer le séjour malgré tout !